• POÈME D’hier









    VERLAINE









    1844 - 1896









    LUXURES















    Chair ! O seul fruit mordu des vergers d'ici bas,

    Fruit amer et sucré qui jute aux dents seules

    Des affamés du seul amour, bouches ou gueules,

    Et bon dessert des forts, et leurs joyeux repas,



     

    Amour! Le seul émoi de ceux qui m'émeut pas

    L'horreur de vivre. Amour qui presse sous tes meules

    Les scrupules des libertins et des bégueules

    Pour le pain des damnés qu'élisent les sabbats,



     

    Amour, tu m'apparais aussi comme un beau pâtre

    Dont rêve la fileuse assise auprès de l'âtre

    Les soirs d'hiver dans la chaleur d'un sarment clair,

    Ou non! Qu'importe à votre extase, Amour et chair?





    Diffusion François BEAUVAL



    1ér trimestre 1975









    J-G-R-C-













      

     

     

     


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    POÈME D’hier











    Marceline





    DESBORDES

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    VALMORE













    1786 – 1859





















    LES

     



     SEPARES



























    N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.



    Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.



    J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,



    Et frapper à mon cœur, c'est frapper au tombeau.



    N'écris pas!







    N'écris pas. N'apprenons qu'à dormir à nous mêmes,



    Ne demande qu'à Dieu... qu'à toi, si je t'aimais!



    Au fond de ton absence écouter que tu m'aimes,



    C'est entendre le ciel sans y monter jamais.



    N'écris pas!

     





    N'écris pas. Je te crains; j'ai peur de ma mémoire;



    Elle a gardé ta voix qui m'appelle souvent.



    Ne montre pas l'eau vive à qui ne peut la boire.



    Une chére écriture est un portrait vivant.



    N'écris pas!





     

     

    N'écris pas ces deux mots que je n'ose plus lire:



    Il semble que ta voix les répand sur mon cœur;



    Que je les vois brûler à travers ton sourire;



    Il semble qu'un baiser les empreint sur mon cœur.



    N'écris pas!



















    Diffusion François Beauval



    1ér trimestre 1975















    J-G-R-C-























     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    POEME D’hier

     

     

    Henri de REGNIER

     

    1864 – 1936

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     



    LE BONHEUR

     

     

     




    Sois heureuse ! qu’importe à tes yeux l’horizon


    Et l’aurore et la nuit et l’heure et la saison,


    Que ta fenêtre tremble aux souffles de l’hiver


    Ou que l’été, le vent du val ou de la mer




    Semble quelqu’un qui veut entrer et qu’on accueille.


    Sois heureuse, la source murmure, une feuille


    Déjà jaunie un peu tombe sur le sentier ;


    Une abeille s 'est prise aux fils de ton métier,




    Car le lin qu’il emploie est roux comme le miel ;


    Un nuage charmant est seul dans tout le ciel ;


    La pluie est douce ; l’ombre est moite. Sois heureuse.

     

    Le chemin est boueux et l’ornière se creuse,

     


    Que t’importe la terre où mènent les chemins !


    Sois heureuse d’hier et sure de demain ;


    N’as-tu pas, par ta chair divine et parfumée,


    L’ineffable pouvoir de pouvoir être aimée ?

     





    Diffusion François Beauval
    1ér trimestre 1975.





    J-G-R-C

     

     

     

     

     

     

     

      D  20-03-2012*/* 30-04-2016

     

     

     


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