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Par 56 J-G-R-C 77 le 3 Juillet 2020 à 05:15
POÈME D’hier
MIRABEAU
1749 - 1791
1/3
LES VICTIMES (1)
Sophie, ô mon amour, mon ange !
Vainement un pouvoir obscur
Nous a jetés, comme la fange,
Dans le fond d’un cloaque impur:
Du nom de fille repentie
On a beau flétrir ton destin,
Oh ! Va, ma grande pervertie,
Sophie, ô sublime catin !
Sous l’air pesant d’une bastille,
Dans les flancs d’un donjon armé,
Malgré la geôle avec sa grille,
Malgré mon cachot enfumé,
Malgré ma paillasse elle-même,
Malgré le froid de mes carreaux,
Je suis toujours libre, et je t’aime
A la barbe de mes bourreaux !
Va, je les brave et je les raille,
Car en dépit de leurs tourments,
A travers barreaux et muraille
Amour unit nos cœurs aimants :
Oui ; tous les jours, à la même heure,
Le dieu vient soulager nos maux,
Et sa main, dans notre demeure,
Fait reluire encor ses flambeaux.
1/3 A suivre ...
2/3 le 20 Mai
3/3 le 26 Mai
(1) Ecrit à Vincennes,
Où le fougueux tribun
Avait été incarcéré
En 1777 après qu’il eut enlevé
Sophie de RUFFEY,
La jeune épouse du
Marquis de MONNIER.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
D 14/05/2017
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Par 56 J-G-R-C 77 le 26 Juin 2020 à 03:23
POÈME D’hier
VERLAINE
1844 - 1896
COLLOQUE
SENTIMENTALE
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.
_ Te souvient il de notre extase ancienne?
_ Pourquoi voulez vous donc qu'il m'en souvienne ?
_ Ton cœur bat il toujours à mon seul nom?
Toujours vois tu mon âme en rêve _ Non.
_ Ah ! Les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches! _ C'est possible.
_ Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir!
_ L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.
Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Diffusion François BEAUVAL
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
12 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 19 Juin 2020 à 05:37
POÈME D’HIER
Etienne PASQUIER
1529 - 1615
BOUCHE
QUE J’AIME TANT…
Bouche que j’aime tant, bouche de corail fin,
Bouche que mille, et mille, et mille fois je baise,
Pour tromper ma douleur, moins toutefois s’apaise
Le feu qui dans mes os me consomme sans fin.
J’imprime en vous baisant, sur vos lèvres le fin
De mes amours, maîtresse, ains de ma chaude braise.
Et prodigue de moi, me perdant à mon aise,
J’évapore à doux traits mon âme en votre fin.
Mais soudain qu’elle s’est dedans vous envolée,
Tout aussitôt la votre en moi prend sa volée,
Ainsi je suis en vous et vous etes en moi.
Baiser qui de nos mains tiens le ciel et la porte,
O qu’heureux je serai si par toi je rapporte
Ce qui donne en amour, je n’ose dire quoi.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
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