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Par 56 J-G-R-C 77 le 25 Septembre 2020 à 06:16
POÈME D’hier
Arthur
RIMBAUD
1854 – 1891
CE QUI
RETIENT
NINA
( fragments)
LUI :
Ta poitrine sur ma poitrine,
Hein! Nous irions,
Ayant de l'air plein la narine,
Aux frais rayons.
Du matin bleu qui vous baigne
Du vin de jour?...
Quand tout le bois frissonnant saigne,
Muet d'amour.
De chaque branche, gouttes vertes,
Des bourgeons clairs,
On sent dans les choses ouvertes
Frémir des chairs.
Tu plongerais dans la luzerne
Ton long peignoir,
Divine avec ce bleu qui cerne
Ton grand œil noir,
Amoureuse de la campagne,
Semant partout
Comme une mousse de champagne
Ton rire fou,
Riant à moi, brutal d'ivresse,
Qui te prendrais
Comme cela, _ la belle tresse,
Oh ! _ qui boirais
Ton goût de framboise et de fraise,
O chair de fleur
Riant au vent vif qui te baise
Comme un voleur.
...............................
Puis comme une petite morte,
Le cœur pâmé,
Tu me dirais que je te porte
L’œil mi fermé.
Je te porterais palpitante
Dans le sentier;
L’oiseau filerait son andante
Au noisetier.
…............................
Le soir?... Nous reprendrions la route
blanche qui court,
Flânant comme un troupeau qui broute
Tout alentour.
…............................
Nous regagnerions le village
Au ciel mi noir,
Et ça sentirait le laitage
Dans l'air du soir;
…............................
Et puis fraîche et toute nichée
Dans les lilas,
La maison, la vitre cachée
Qui rit là bas...
Tu viendras, tu viendras, je t'aime,
Ce sera beau!
Tu viendras, n'est ce pas ? Et même...
ELLE :
Mais le bureau?
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
TRAVAUX CUISINE AMEUBLEMENT MURAL
14 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 18 Septembre 2020 à 00:14
POÈME D’hier
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PARNY
1753 - 1814
LE
LENDEMAIN
à Éléonore
Enfin, ma chère Éléonore,
Tu l'as connu ce péché si charmant
Que tu craignais même en le désirant,
En le goûtant tu le craignais encore.
Eh bien! Dis moi, qu'a t il donc d'effrayant?
Que laisse t il après lui dans ton âme?
Un léger trouble, un tendre souvenir,
L'étonnement de sa nouvelle flamme,
Un doux regret, et surtout un désir.
Déjà la rose, aux lis de ton visage,
Mêle ses brillantes couleurs;
Dans les beaux yeux, à la pudeur sauvage,
Succèdent les molles langueurs,
Qui de nos plaisirs enchanteurs
Sont à la fois la suite et le présage.
Et comme l'espérance est violente
Ton sein, doucement agité,
Avec moins de timidité
Repousse la gaze légère
Qu'arrangea la main d'une mère;
Et que la main du tendre amour,
Moins discrète et plus familière,
Saura déranger à son tour.
Une agréable réverie
Remplace enfin cet enjoument,
Cette piquante étourderie,
Qui désespéraient ton amant.
Et ton âme plus attendrie
S'abandonne nonchalamment
Aux délicieux sentiment
D'une douce mélancolie.
Ah! Laissons nos tristes censeurs
Traiter de crime impardonnable
Le seul baume pour nos douleurs,
Ce plaisir pur, dont un dieu favorable
Mit le germe dans tous les cœurs.
Ne crois pas à leur imposture.
Leur zèle hypocrite et jaloux
Fait un outrage à la nature:
Non, le crime n'est pas si doux.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
9 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 11 Septembre 2020 à 05:19
POÈME D’hier
Charles
BAUDELAIRE
1821 - 1867
FEMMES
DAMNÉES
Comme un bétail pensif sur le sable couchées,
Elles tournent leurs yeux vers l'horizon des mers,
Et leurs pieds se cherchant et leurs mains rapprochés
Ont de douces langueurs et des frissons amers.
Les unes, cœurs épris de longues confidences,
Dans le fond des bosquets où jasent les ruisseaux,
Vont épelant l'amour des craintives enfances
Et creusent le bois vert des jeunes arbrisseaux;.
D'autres, comme des sœurs, marchent lentes et graves
A travers les rochers pleins d'apparitions,
Où saint Antoine a vu surgir comme des laves
Les seins nus et pourprés de ses tentations;
Il en est, aux lueurs des résines croulantes,
Qui dans le creux muet des vieux antres païens
T'appellent au secours de leurs fièvres hurlantes,
O bacchus, endormeur des remords anciens!
Et d'autres, dont la gorge aime les scapulaires,
Qui, recelant un fouet sous leurs longs vêtements,
Mêlent, dans le bois sombre et les nuits solitaires,
L'écume du plaisir aux larmes des tourments.
O vierges, o démons, o monstres, o martyres,
De la réalité grands esprits contempteurs,
Chercheuses d'infini, dévotes et satyres,
Tantôt pleines de cris, tantôt pleines de pleurs,
Vous que dans votre enfer mon âme a poursuivies,
Pauvres sœurs, je vous aime autant que je vous plains,
Pour vos mornes douleurs, vos soifs inassouvies,
Et les urnes d'amour dont vos grands cœurs sont pleins:
Diffusion François BEAUVAL
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
10 commentaires
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