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Par 56 J-G-R-C 77 le 13 Novembre 2020 à 00:22
POÈME D’hier
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PARNY
1753 - 1814
LOT
et ses
filles
-1-
Le ciel avait vengé l'amour,
Sodome était réduit en poudre,
Et les derniers traits de la foudre
Tombaient sur cet affreux séjour.
Lot, débarrassé de sa femme,
Fuyait gaîment ces tristes lieux,
Bénissant le ciel en son âme,
Et disant tout est pour le mieux.
Ses filles, respirant à peine,
Près de lui viennent de se ranger:
Leur frayeur survit au danger;
Et vers la montagne prochaine
Tous trois courent d'un pied léger.
Un antre devient un asile;
Mais ce séjour n'a rien d'affreux.
Le rocher lentement distille
Une eau qui tombe exprès pour eux:
Cette eau qui descend goutte à goutte,
Et ensemble se perdre en vapeurs,
S'unit, coule, et marque sa route
Par un léger ruban de fleurs.
Planté par la sage nature,
Un large buisson de rosiers
Pouvait aux animaux guerriers
De l'antre cacher l'ouverture.
Des pampres chargés de raisins
Courent sur le roc et serpentent.
Au fruit coloré qu'ils présentent
Déjà Lot a porté ses mains.
Tandis qu'il remplit la corbeille,
Phéoné tout bas à l'oreille
Disait à la jeune Thamna:
« Eh bien! Qu'en pense tu ma chère ?
Adieu l'hymen, et nous voilà
Désormais seules sur la terre.
Notre sort est bien malheureux!
Plus de ressource. _ Il n'en est guère.
_ Pas un homme, et nous sommes deux.
_ Il en reste un. _C'est notre père.
C'est le seul, et ce mot dit tout.
La nécessité nous absout,
J'en convient; mais à la sagesse
Lot est fidèle: ne crois pas
Que vers nous il fasse un seul pas.
Peut être. _ Et quel moyen ? _ L'ivresse.
1/4 a suivre le 17/11Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
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Par 56 J-G-R-C 77 le 3 Novembre 2020 à 05:01
POÈME D’hier
Marceline
DESBORDES
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VALMORE
1786 – 1859
LA JEUNE FILLE
ET LE RAMIER
Les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir;
Tout tressaile, averti de la prochaine ondée;
Et toi qui ne lis plus, sur ton livre accoudée,
Plains tu l'absent aimé qui ne pourra te voir?
Là bas, pliant son aile et mouillé sous l'ombrage,
Banni de l'horizon qu'il n'atteint que des yeux,
Appelant sa compagne et regardant les cieux,
Un ramier, comme toi, soupire de l'orage.
Laissez pleuvoir, o cœurs solitaires et doux!
Sous l'orage qui passe il renaît tant de choses.
Le soleil sans la pluie ouvrirait il les roses?
Amants, vous attendez! De quoi vous plaignez vous?
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
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Par 56 J-G-R-C 77 le 23 Octobre 2020 à 06:30
POÈME D’hier
Arthur
RIMBAUD
1854 – 1891
COMÉDIE EN
TROIS BAISERS
Elle était fort déshabillée,
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise,
Mi nue, elle joignait les mains.
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds, si fins, si fins.
Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein: moche au rosier!
Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un long rire très mal,
Qui s'égrenait en claires trilles,
Une risure de cristal
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : « Veux tu finir! »
La première audace permise,
Le rire feignait de punir.
Pauvrets palpitant sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux
Elle jeta sa tête mièvre
En arrière: « Oh ! C'est encore mieux!
Monsieur, j'ai deux mots à te dire... »
Je lui jetai le reste au sein,
Dans un baiser qui la fit rire
D'un bon rire qui voulait bien...
Elle était fort déshabillée,
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres penchaient leur feuillée
Maintenant tout près, tout près.
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
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