•  

     

     

      

     

     

     

     

     









    POÈME D’hier







    - - - - -







    PARNY









    1753 - 1814









     

     





    LOT









    et ses









    filles





    -1-



     











    Le ciel avait vengé l'amour,





    Sodome était réduit en poudre,





    Et les derniers traits de la foudre





    Tombaient sur cet affreux séjour.





    Lot, débarrassé de sa femme,





    Fuyait gaîment ces tristes lieux,





    Bénissant le ciel en son âme,





    Et disant tout est pour le mieux.





    Ses filles, respirant à peine,





    Près de lui viennent de se ranger:





    Leur frayeur survit au danger;





    Et vers la montagne prochaine





    Tous trois courent d'un pied léger.





    Un antre devient un asile;





    Mais ce séjour n'a rien d'affreux.





    Le rocher lentement distille





    Une eau qui tombe exprès pour eux:





    Cette eau qui descend goutte à goutte,





    Et ensemble se perdre en vapeurs,





    S'unit, coule, et marque sa route





    Par un léger ruban de fleurs.





    Planté par la sage nature,





    Un large buisson de rosiers





    Pouvait aux animaux guerriers





    De l'antre cacher l'ouverture.





    Des pampres chargés de raisins





    Courent sur le roc et serpentent.





    Au fruit coloré qu'ils présentent





    Déjà Lot a porté ses mains.





    Tandis qu'il remplit la corbeille,





    Phéoné tout bas à l'oreille





    Disait à la jeune Thamna:





    «  Eh bien! Qu'en pense tu ma chère ?





    Adieu l'hymen, et nous voilà





    Désormais seules sur la terre.





    Notre sort est bien malheureux!





    Plus de ressource. _ Il n'en est guère.





    _ Pas un homme, et nous sommes deux.





    _ Il en reste un. _C'est notre père.





    C'est le seul, et ce mot dit tout.





    La nécessité nous absout,





    J'en convient; mais à la sagesse





    Lot est fidèle: ne crois pas





    Que vers nous il fasse un seul pas.





    Peut être. _ Et quel moyen ? _ L'ivresse.

     

     




    1/4  a suivre  le   17/11











    Diffusion François Beauval



    1ér trimestre 1975

















     

    J-G-R-C-





     

     







     

     

     

     

     

     

     

      


    11 commentaires
  •  

     

     

     

     

     















    POÈME D’hier











    Marceline





    DESBORDES

    __





    VALMORE













    1786 – 1859





















    LA JEUNE FILLE







     ET LE RAMIER



























    Les rumeurs du jardin disent qu'il va pleuvoir;



    Tout tressaile, averti de la prochaine ondée;



    Et toi qui ne lis plus, sur ton livre accoudée,



    Plains tu l'absent aimé qui ne pourra te voir?







    Là bas, pliant son aile et mouillé sous l'ombrage,



    Banni de l'horizon qu'il n'atteint que des yeux,



    Appelant sa compagne et regardant les cieux,



    Un ramier, comme toi, soupire de l'orage.







    Laissez pleuvoir, o cœurs solitaires et doux!



    Sous l'orage qui passe il renaît tant de choses.



    Le soleil sans la pluie ouvrirait il les roses?



    Amants, vous attendez! De quoi vous plaignez vous?













    Diffusion François Beauval



    1ér trimestre 1975















    J-G-R-C-























     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    12 commentaires
  •  

     

     

     

     

     



















    POÈME D’hier















    Arthur











    RIMBAUD









    1854 – 1891







     

     

     

     COMÉDIE EN



    TROIS BAISERS











    Elle était fort déshabillée,


    Et de grands arbres indiscrets


    Aux vitres jetaient leur feuillée


    Malinement, tout près, tout près.

     







    Assise sur ma grande chaise,


    Mi nue, elle joignait les mains.


    Sur le plancher frissonnaient d'aise


    Ses petits pieds, si fins, si fins. 







     

    Je regardai, couleur de cire,


    Un petit rayon buissonnier


    Papillonner dans son sourire


    Et sur son sein: moche au rosier!

     







    Je baisai ses fines chevilles.


    Elle eut un long rire très mal,


    Qui s'égrenait en claires trilles,


    Une risure de cristal







     

    Les petits pieds sous la chemise


    Se sauvèrent : « Veux tu finir! »


    La première audace permise,


    Le rire feignait de punir.

     






    Pauvrets palpitant sous ma lèvre,


    Je baisai doucement ses yeux


    Elle jeta sa tête mièvre


    En arrière: « Oh ! C'est encore mieux!

     






    Monsieur, j'ai deux mots à te dire... »


    Je lui jetai le reste au sein,


    Dans un baiser qui la fit rire


    D'un bon rire qui voulait bien...

     





     

    Elle était fort déshabillée,


    Et de grands arbres indiscrets


    Aux vitres penchaient leur feuillée



    Maintenant tout près, tout près.












     

     

    Diffusion François Beauval



    1ér trimestre 1975

















     

    J-G-R-C-

     

     

     

     

     

      

     

      

     

     

     

     

     

     

     

     


    13 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique