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Par 56 J-G-R-C 77 le 27 Février 2020 à 05:13
POÈME D’hier
VERLAINE
1844 - 1896
AUTRE
Car tu vis en toutes les femmes
Et toutes les femmes c'est toi.
Et pour l'amour qui soit, c'est moi
Brûlant pour toi et de mille flammes.
Ton sourire tendre ou moqueur
Tes yeux, mon styx ou mon lignon,
Ton sein opulent ou mignon
Sont les seuls vainqueurs de mon cœur.
Et je mords à ta chevelure
Longue ou frisée, en haut , en bas,
Noir ou rouge et sur l'encolure
Et là ou là _ et quel repas!
Et je bois à tes lèvres fines
Ou grosses, _ à la lèvre, toute!
Et quelle ivresse en route,
Diaboliques et divines!
Car toute la femme est en toi
En ce moi que tu multiplies
T'aime en toute Elle et tu rallies
En toi seule tout l'amour: Moi!
Diffusion François BEAUVAL
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
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Par 56 J-G-R-C 77 le 20 Février 2020 à 05:00
POÈME D’hier
Charles
BAUDELAIRE
1821 - 1867
L'INVITATION
AU VOYAGE
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller la bas, vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là , tout n'est qu' ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
A l’âme en secret
La douce langue natale.
Là , tout n'est qu'un ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur es vagabonde;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
_ Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu' ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Diffusion François BEAUVAL
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
14 commentaires -
Par 56 J-G-R-C 77 le 13 Février 2020 à 05:21
POÈME D’hier
Estienne
DURAND
1586 - 1618
PERRETTE
ESTANT DESSUS
L'HERBETTE
Perrette estant dessus l'herbette
Colin leva sa chemisette
Et vid je ne sçay quoy de noir.
« Ha ! Dit il, douce Perrette,
Je te pry, laisse moi tout voir!
_ Si tu l'avais veu, j'en suis seure,
Tu ferays cela tout à l'heure.
_Non, dit il, je te le promets.
_Vrayment, dit elle, je t'asseure,
A l'aspect de ses doux appas,
Tu ne le verras donc jamais! »
Colin recognoissant sa faute
S'écria d'une voix si haute;
« Eh bien, donc,je te le feray.
_Lors dit elle en levant sa cotte,
Pour cela je le montreray. »
Diffusion François BEAUVAL
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
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