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    POÈME D’hier









    VERLAINE









    1844 - 1896









    AUTRE















    Car tu vis en toutes les femmes

     

    Et toutes les femmes c'est toi.

     

    Et pour l'amour qui soit, c'est moi

     

    Brûlant pour toi et de mille flammes.







    Ton sourire tendre ou moqueur

     

    Tes yeux, mon styx ou mon lignon,

     

    Ton sein opulent ou mignon

     

    Sont les seuls vainqueurs de mon cœur.







    Et je mords à ta chevelure

     

    Longue ou frisée, en haut , en bas,

     

    Noir ou rouge et sur l'encolure

     

    Et là ou là _ et quel repas!







    Et je bois à tes lèvres fines

     

    Ou grosses, _ à la lèvre, toute!

     

    Et quelle ivresse en route,

     

    Diaboliques et divines!







    Car toute la femme est en toi

     

    En ce moi que tu multiplies

     

    T'aime en toute Elle et tu rallies

     

    En toi seule tout l'amour: Moi!







    Diffusion François BEAUVAL



    1ér trimestre 1975









    J-G-R-C-













      

     

     

     

     

     

     

     

     


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    POÈME D’hier







    Charles









    BAUDELAIRE









    1821 - 1867



     

     

     

     

    L'INVITATION





    AU VOYAGE















    Mon enfant, ma sœur,

    Songe à la douceur

    D'aller la bas, vivre ensemble! 

    Aimer à loisir,

    Aimer et mourir

    Au pays qui te ressemble!

    Les soleils mouillés

    De ces ciels brouillés

    Pour mon esprit ont les charmes

    Si mystérieux

    De tes traîtres yeux,

    Brillant à travers leurs larmes.



    Là , tout n'est qu' ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.





    Des meubles luisants,

    Polis par les ans,

    Décoreraient notre chambre;

    Les plus rares fleurs

    Mêlant leurs odeurs

    Aux vagues senteurs de l'ambre,

    Les riches plafonds,

    Les miroirs profonds,

    La splendeur orientale,

    Tout y parlerait

    A l’âme en secret

    La douce langue natale.

    Là , tout n'est qu'un ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.





    Vois sur ces canaux

    Dormir ces vaisseaux

    Dont l'humeur es vagabonde;

    C'est pour assouvir

    Ton moindre désir

    Qu'ils viennent du bout du monde.

    _ Les soleils couchants

    Revêtent les champs,

    Les canaux, la ville entière,

    D'hyacinthe et d'or;

    Le monde s'endort

    Dans une chaude lumière.





    Là, tout n'est qu' ordre et beauté,

    Luxe, calme et volupté.

     

     





    Diffusion François BEAUVAL



    1ér trimestre 1975









    J-G-R-C-









     

     

     

     

     

     

     

     

     


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    POÈME D’hier







    Estienne



    DURAND









    1586 - 1618











    PERRETTE







    ESTANT DESSUS



    L'HERBETTE















    Perrette estant dessus l'herbette



    Colin leva sa chemisette



    Et vid je ne sçay quoy de noir.



    « Ha ! Dit il, douce Perrette,



    Je te pry, laisse moi tout voir!





    _ Si tu l'avais veu, j'en suis seure,



    Tu ferays cela tout à l'heure.



    _Non, dit il, je te le promets.



    _Vrayment, dit elle, je t'asseure,



    A l'aspect de ses doux appas,



    Tu ne le verras donc jamais! »





    Colin recognoissant sa faute



    S'écria d'une voix si haute;



    « Eh bien, donc,je te le feray.



    _Lors dit elle en levant sa cotte,



    Pour cela je le montreray. »







    Diffusion François BEAUVAL



    1ér trimestre 1975









    J-G-R-C-









     

     

     

     

     

     


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