•  

     

     

      

     

     

     

     

     









    POÈME D’hier







    - - - - -







    PARNY









    1753 - 1814









     

     





    LOT









    et ses









    filles





    -3-



     











    Thamna sourit, tourne la tête;





    Et pour ne pas troubler la fête,





    Elle s'éloigne prudemment.





    Assise dans l'enfoncement,





    La jeune et maligne pucelle





    Lorgnait du coin de la prunelle,





    Et son cœur battait fortement.





    La nuit survient et la pauvrette





    S'endort, ne pouvant faire mieux.





    Mais un songe capricieux





    Tourmenta son âme inquiète.





    Sous des ombrages parfumés





    Tout à coup elle est transportée:





    Dans cette retraite enchantée,





    Tout plaît à ses regards charmés.





    La nature y paraît plus belle,





    Le ciel plus pur, et l'air plus doux.





    Un amant tombe à ses genoux;





    Il est tendre, il sera fidèle,





    Mais la scène a déjà changé:





    De vapeurs le ciel est chargé;





    L'éclair a déchiré la nue:





    Thamna s'enfuit ; avec fracas





    La foudre soudain descendue





    La suit et s'attache à ses pas.





    Puis un souvenir pour sa mère,





    Puis un retour vers ce jardin,





    Vers ce bocage solitaire





    Où l'amour lui tendait la main.





    Puis à Sodome elle croit être:





    « Viens lui disait un jeune traître;





    Viens donc, mon bel ange. » A ce mot,





    Elle se réveille en sursaut.





    D'un tel songe encor étonnée,





    Elle entend bientôt son ainée





    Qui pour bas l'appelle : «  ma sœur?





    _Eh bien que veux tu? _ Prends ma place





    _ A dire vrai, j'ai quelque peur.





    _ Le temps fuit, et l'ivresse passe. »















    3/4  a suivre  le   24/11 







    Diffusion François Beauval



    1ér trimestre 1975

















     

    J-G-R-C-





     

     







     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    5 commentaires
  •  

     

     

      

     

     

     

     

     









    POÈME D’hier







    - - - - -







    PARNY









    1753 - 1814









     

     





    LOT









    et ses









    filles





    -2-



     











    Pendant ce rapide entretien,





    Dont le papa n'entendit rien,





    Et qui colora leur visage,





    La cadette, suivant l'usage,





    Apprêtait le repas du soir,





    C'est sur le nectar des treilles





    Qu'elle fondait tout son espoir:





    Elle en prépara deux bouteilles.





    Le premier moment d'un soupé





    Est donné toujours au silence;





    Puis un discours entrecoupé





    Commence, tombe et recommence;





    L'esprit s'anime, et l'enjoùment





    Du dessert forme l'agrément.





    Au dessert bientôt Lot arrive,





    Et sa gaîté devient plus vive.





    Ses filles, tout en l'écoutant,





    Suivaient leur insolente idée:





    Sa coupe, à chaque instant vidée,





    Se remplissait à chaque instant.





    Par degrés sa langue affaiblie





    Dans ses discours s'embarrassa.





    Un dernier verre on lui versa,





    Et sa raison devint folie.





    Si j'en crois de savants rabbins





    Qui sur ce texte on fait un livre,





    Le bonhomme n'était pas ivre,





    Mais seulement entre deux vins.















    2/4  a suivre  le   20/11







    Diffusion François Beauval



    1ér trimestre 1975

















     

    J-G-R-C-





     

     





     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    11 commentaires
  •  

     

     

      

     

     

     

     

     









    POÈME D’hier







    - - - - -







    PARNY









    1753 - 1814









     

     





    LOT









    et ses









    filles





    -1-



     











    Le ciel avait vengé l'amour,





    Sodome était réduit en poudre,





    Et les derniers traits de la foudre





    Tombaient sur cet affreux séjour.





    Lot, débarrassé de sa femme,





    Fuyait gaîment ces tristes lieux,





    Bénissant le ciel en son âme,





    Et disant tout est pour le mieux.





    Ses filles, respirant à peine,





    Près de lui viennent de se ranger:





    Leur frayeur survit au danger;





    Et vers la montagne prochaine





    Tous trois courent d'un pied léger.





    Un antre devient un asile;





    Mais ce séjour n'a rien d'affreux.





    Le rocher lentement distille





    Une eau qui tombe exprès pour eux:





    Cette eau qui descend goutte à goutte,





    Et ensemble se perdre en vapeurs,





    S'unit, coule, et marque sa route





    Par un léger ruban de fleurs.





    Planté par la sage nature,





    Un large buisson de rosiers





    Pouvait aux animaux guerriers





    De l'antre cacher l'ouverture.





    Des pampres chargés de raisins





    Courent sur le roc et serpentent.





    Au fruit coloré qu'ils présentent





    Déjà Lot a porté ses mains.





    Tandis qu'il remplit la corbeille,





    Phéoné tout bas à l'oreille





    Disait à la jeune Thamna:





    «  Eh bien! Qu'en pense tu ma chère ?





    Adieu l'hymen, et nous voilà





    Désormais seules sur la terre.





    Notre sort est bien malheureux!





    Plus de ressource. _ Il n'en est guère.





    _ Pas un homme, et nous sommes deux.





    _ Il en reste un. _C'est notre père.





    C'est le seul, et ce mot dit tout.





    La nécessité nous absout,





    J'en convient; mais à la sagesse





    Lot est fidèle: ne crois pas





    Que vers nous il fasse un seul pas.





    Peut être. _ Et quel moyen ? _ L'ivresse.

     

     




    1/4  a suivre  le   17/11











    Diffusion François Beauval



    1ér trimestre 1975

















     

    J-G-R-C-





     

     







     

     

     

     

     

     

     

      


    11 commentaires