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POÈME D’hierComtesse
De NOAILLES
1876 - 1933
L’AMOURNE LAISSE PAS…
L’amour ne laisse pas que longtemps on l’oublie,
Au front qui fut distrait il met un joug plus dur,
Il gît au fond des corps comme au fond de l’azur,
Ainsi qu’une suave et persistante lie.
Quand dans les jours parfaits des étés somptueux
On croit pouvoir sans lui connaître l’allégresse
Il trouble notre joie ou bien notre paresse
Par un doute rêveur, sagace et langoureux.
Vous avais je oublié, avais je, folle et triste,
Un instant échappé a vos constantes lois,
Inexorable amour, avais je dit : j’existe,
Je respire, je suis, je réfléchis, je vois,
Sans me sentir soumise à vos sublimes ordres ;
Avais je décidé que j’étais libre enfin
De détourner la joue où vous souhaitez mordre,
Et de m’assouvir plus votre soif, votre faim ?
-Et cependant, amour, dieu trompeur, dieu fidèle,
Du distrait univers vous le seul protégé,
C’est ma gloire, que nul ne pourra Déranger,
D’avoir su déchiffrer tout ce qui vous révèle.
D’avoir fixé mes yeux sur vos mains Éternelles,
Et de n’avoir écrit que pour vous Prolonger…
Diffusion François Beauval1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
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STEACK
AU POIVRE
Temps de préparation: 10 minutes
Cuisson : 10 minutes
Pour : 02 personnes
- 2 tournedos (filet).
- 2 cuillères a soupe d‘huile.
- 1 verre de cognac.
- 2 toasts frits.
- 1 petit pot de crème fraîche.
- poivre blanc.
- sel et beurre.
Faites chauffer
La poêle avec l’huile.
Pendant ce temps,
Roulez chaque tournedos
Dans du poivre blanc concassé.
Faites les dorer ½ minute
Sur chaque face,
Puis flambez avec du cognac*
En les retournant
Jusqu’à extinction de la flamme.
Posez alors chacun d’eux
Sur un toast préalablement doré
Au beurre, salez.
Déglacez la sauce avec la crème.
Servez accompagné
De pomme de terre frites
Et de cresson.
* A consommer avec modération.
BONNE
DÉGUSTATION
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POÈME D’hier
BAUDELAIRE Charles
1821 – 1867
LES BIJOUX
La très chère était nue, et, connaissait mon cœur,
Elle n’avait gardé que c’est bijoux sonores,
Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur
Qu’ont dans leurs jours heureux les esclaves des mores.
Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
Ce monde rayonnant de métalet de pierre
Me ravit en extase, et j’aime à la fureur
Les choses où le son se mêle à la lumière.
Elle était donc couchée et se laissait aimer
Et du haut du divan elle souriait d’aise
A mon amour profond et doux comme la mer,
Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
Et la candeur unie à la lubricité
Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
Polis comme de l’huile, onduleux comme un cygne,
Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins
Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne.
S’avançaient, plus câlins que les anges du mal,
Pour troubler le repos où mon âme était mise,
Et pour la déranger du rocher de cristal
Où, calme et solitaire, elle s’était assise.
Je croyais voir unis par un nouveau dessin
Les hanches de l’Antiope au buste d’un imberbe,
Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
Sur ce teint fauve et brun le fard était superbe !
Et la lampe s’étant résignée à mourir,
Comme le foyer seul illuminait la chambre,
Chaque fois qu’il poussait un flamboyant soupir,
Il inondait de sang cette peau couleur d’ambre !
Diffusion François Beauval
1ér trimestre 1975
J-G-R-C-
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